[Transcript] ATA Continuing Education Series Podcast – Episode 27 – Jean-Baptiste Joachim on Teaching French Online

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ATA FLD Podcast. Photo Credit: Unsplash

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Episode 27: Jean-Baptiste Joachim on Teaching French Online

Andie Ho: This is Andie Ho, host of the Continuing Education Series, a podcast produced for the member of the French Language Division of the American Translators Association (ATA), offering educational content about the craft of French-to-English and English-to-French translation and the Division.

Andie Ho: Aujourd’hui, nous allons parler à Jean-Baptiste Joachim, qui est professeur de français, d’anglais et d’espagnol. Professeur, mais pour les adultes. Son activité principale, c’est l’enseignement du français, et plus principalement le français oral. Je l’ai invité aujourd’hui à nous parler parce que ses activités sont proches de la traduction et de l’interprétation. Jean-Baptiste Joachim, bienvenue, merci d’être là !

Jean-Baptiste Joachim: Bonjour Andie. Merci de m’accueillir !

Andie: Bon, quand je pense à un prof de français, normalement je pense à une école, une maîtresse, les cours de récré. Pour moi c’est ça un professeur de français. Mais toi tu ne fais pas ça. Donc explique-nous ce que tu fais exactement.

Jean-Baptiste : Effectivement, c’est vrai que ma vision des cours de français n’est pas exactement la même que celle dont on a l’habitude. Et pourtant c’est peut-être une approche qui est assez commune, assez fréquente, même si on ne s’en rend pas forcément compte.

Aujourd’hui, on apprend les langues grâce à Internet. Il y a des centaines et des centaines de chaînes YouTube pour apprendre des langues. Il y a énormément de vidéos de qualité, des podcasts, des sites internet et de plus en plus de personnes sont maintenant capables d’apprendre seules, de manière autonome. Donc parfois elles commencent dans un cours et puis elles décident de passer à la vitesse supérieure, de commencer à explorer elles-mêmes différentes ressources. Et très rapidement, elles arrivent à un niveau qui est beaucoup plus élevé que le rythme proposé par la classe. Elles essaient alors d’avoir des cours particuliers pour pouvoir améliorer leur communication et avoir une approche un peu plus personnalisée.

J’ai donc surfé sur cette vague des cours privés et des cours particuliers suivis par beaucoup de ces personnes, qui parfois étaient un peu frustrées de ne pas pouvoir communiquer à un niveau plus élevé. Et donc je leur propose une approche personnalisée, avec la réalisation de leurs objectifs de manière beaucoup plus sérieuse. Voilà comment j’ai commencé à travailler.

Andie: Donc comment t’es-tu lancé dans ce chemin ? Est-ce que tu es professeur de formation ?

Jean-Baptiste : Alors, à l’origine, je suis plutôt linguiste de formation. Mais pas « véritablement linguiste » : j’ai suivi un cursus à l’université qui s’appelait « Langues étrangères appliquées ». L’objectif, c’était d’étudier les langues étrangères, mais dans un but professionnel. Donc par exemple faire de la traduction commerciale, faire de la traduction de notices, ou alors travailler dans une entreprise d’import-export avec une bonne connaissance de la culture et des langues des pays dans lesquels on serait amené à travailler.

Et quand j’ai terminé mon master, j’ai commencé à travailler dans l’import-export. J’ai travaillé dans différentes entreprises, mais je me suis rapidement rendu compte que je n’étais pas forcément fait pour travailler en équipe : je suis plus un travailleur solitaire qu’un travailleur en équipe. La raison en est que je suis très facilement distrait. Comme je te l’avais déjà raconté, je suis très facilement distrait et quand je suis en équipe, eh bien je passe plus de temps à rigoler avec les collègues qu’à véritablement travailler. Pour pouvoir travailler correctement, je dois être dans un cadre vraiment très calme et silencieux, en face-à-face avec une personne et, comme ça, je suis sûr de pouvoir avancer.

Donc quand je me suis rendu compte que ça n’allait pas dans les entreprises, j’ai réfléchi un petit peu, et à l’époque où j’ai commencé à enseigner, je travaillais au Luxembourg et au Luxembourg, c’est assez fréquent d’avoir une deuxième activité. Certaines personnes ont un poste durant la journée dans une entreprise et le soir prennent un deuxième petit boulot, généralement en relation avec leur passion pour pouvoir, eh bien voilà, vivre un petit peu de leur passion.

Et donc j’avais une amie qui était professeure de sport. Pendant la journée, elle était responsable financière et, le soir, elle donnait des cours de sport dans une salle de sport. J’étais assez impressionné. Je me dis « Waouh, quand même, avoir une journée de travail et ensuite enchaîner ! ». Et j’ai participé à un de ces cours. J’ai vu à quel point elle était heureuse et à quel point c’était une autre personne. Et je me dis : « Pourquoi est-ce que, moi, je ne ferais pas quelque chose comme ça ? ».

Et je me suis rapproché de différents instituts qui enseignent les langues au Luxembourg. J’ai proposé ma candidature et j’ai commencé à donner quelques cours comme ça, à droite à gauche. Et puis au début de l’année suivante, l’école m’a demandé si cela m’intéresserait de devenir professeur à temps plein. Et j’ai répondu, « Pourquoi pas, comment est-ce que ça se passe ? ». Mon interlocutrice m’a donné les conditions et m’a dit « Tu sais, toi, si tu t’installes en tant que professeur indépendant, je peux te garantir que tu auras 30 heures de cours dès la première année. » J’ai dit banco. J’ai accepté de quitter mon poste pour m’installer en tant que professeur indépendant. Et depuis, je n’ai pas arrêté. Je n’ai pas arrêté et j’en ai fait mon activité principale !

Andie: Et cela se passait quand ?

Jean-Baptiste : C’était 2014. J’ai commencé à travailler en tant que professeur en 2014. J’avais déjà fait auparavant du soutien scolaire, quelques activités comme ça, à droite, à gauche, mais jamais dans les entreprises. Et jamais de manière clairement organisée, comme un professeur de français, avec le matériel pédagogique nécessaire.

Andie:  Donc tu as commencé par être prof de français. Tu es toujours prof de français, mais tu as beaucoup plus de contenu. Tu as des podcasts, des vidéos YouTube… ? Parle-nous de ça.

Jean-Baptiste : Effectivement, aujourd’hui, j’ai essayé de développer mon activité pour créer du contenu. Disons que la création de contenu, c’est d’abord pour satisfaire ma curiosité personnelle, parce qu’il y a beaucoup de matériel dont j’ai besoin et que j’aimerais utiliser, que je ne trouve pas forcément. Et avec un petit peu de formation en linguistique, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup d’aspects du français qui n’étaient pas forcément pris en compte dans l’enseignement. Donc j’ai exploré tout ça, et je me suis créé des ressources qui correspondaient à ce dont j’avais besoin. Ressources que j’utilise pendant mes cours.

Mais une autre des raisons principales qui m’ont poussé à développer tout ça, c’est qu’aujourd’hui le marché de l’enseignement des langues est très concurrentiel. Il existe des plates-formes qui mettent en relation des professeurs et des élèves, mais qui bien évidemment prennent des commissions au passage. Et la seule manière, en tant que professeur indépendant, en ligne, de trouver des élèves, eh bien, c’est de créer du contenu, de créer une communauté. Donc moi, j’ai choisi YouTube. J’ai tâté, beaucoup.

Au début, je ne savais pas véritablement sur quelle plate-forme concentrer mon attention, mais finalement, c’est YouTube qui a eu le plus de succès. Et un petit peu plus tard, j’ai créé un podcast, mais c’était principalement pour faire passer les utilisateurs de YouTube à un produit un peu plus sophistiqué, un petit peu plus développé que ce que je proposais sur YouTube.

Donc en fait, aujourd’hui, les réseaux sociaux et mon activité en parallèle de mon activité de professeur de français ont deux fonctions. Premièrement, créer du contenu nécessaire pour l’enseignement, et aussi attirer de nouveaux clients et me faire connaître et faire connaître mes aptitudes professionnelles à mes futurs clients potentiels.

Andie: Donc qui ? Qui sont les cibles pour toi ?

Jean-Baptiste : Alors en fait, j’ai deux cibles principales. La première cible, ce sont les étudiants qui apprennent le français, les personnes qui désirent apprendre le français, qui vivent à l’étranger et qui ont pour projet de venir s’installer en France. Ces personnes-là, souvent sont passées par des structures comme l’Alliance française ou des cours de langues à l’Université, ou parfois par des professeurs privés.

Et une des frustrations qu’ils rencontrent quand ils arrivent ici, c’est de réaliser que le français tel qu’il est parlé en France est assez différent du français qu’ils ont appris dans leurs cours. Et la raison en est que, aujourd’hui, les professeurs ont tendance à favoriser l’enseignement du français standard, qui est compréhensible et compris dans tout le monde francophone, que ce soit en Afrique, au Canada et en France. Plutôt qu’une variété plus régionale, plus locale du français, que ce soit le français parisien ou le français méridional comme on le parle ici, là où j’habite, dans le sud de la France.

Et donc, après avoir rencontré plusieurs apprenants qui se plaignaient de leurs difficultés à comprendre les films, à comprendre des séries, ou qui étaient parfois perdus quand ils communiquaient avec des personnes, j’ai décidé de proposer des cours spécialement pour ce public avec un point de focalisation sur le français plutôt oral, le français régional ou le français local.

Ça, c’est donc mon premier public, les personnes qui veulent venir s’installer en France.

Et mon deuxième public, c’est un public de passionnés. Ce sont des personnes qui aiment la langue française, qui aiment la culture française mais qui n’habitent pas dans une région où il y a des francophones. Et donc ils cherchent une personne avec laquelle discuter et mettre en pratique ce qu’ils ont appris en français.

Et c’est très intéressant parce que c’est une approche qui est assez différente d’un cours de français traditionnel. C’est à dire que généralement, avec ces personnes-là, je ne fais pas un cours à proprement parler, avec de la grammaire. Ça nous arrive de parler grammaire et de parler vocabulaire, mais très souvent, ce qu’elles cherchent, c’est plutôt une relation sociale, et donc on développe certains liens d’amitié. On parle beaucoup de la vie quotidienne, des passions des gens, ce qui les intéresse, ce qui les motive à apprendre le français.

On parle aussi beaucoup de stratégies d’apprentissage, pour amener leur niveau de français à un niveau supérieur, et puis voilà, arriver à alimenter la progression. Mais d’une manière générale, c’est une sorte d’expérience du français à distance.

L’objectif, c’est de se rapprocher d’un francophone, et de le faire dans des conditions, agréables, plaisantes, qui donnent envie de continuer à apprendre, et surtout qui donnent une justification à l’apprentissage.

Parce que si on passe sa vie à apprendre et à mémoriser du vocabulaire sans jamais le mettre en pratique, on peut avoir une certaine frustration qui se met en place, et ce n’est pas très bon pour pouvoir continuer.

Tandis que si on a une personne avec laquelle on a plaisir à discuter régulièrement, et bien ça pousse à avancer. On se rend compte des lacunes qu’on a, du vocabulaire qui nous manque et puis voilà, c’est une manière aussi de… C’est une expérience humaine ! On peut dire que c’est une expérience humaine aussi !

Andie: Donc les podcasts, les vidéos, tout ça, est-ce qu’ils rapportent de l’argent en soi, ou est-ce plutôt pour financer tes autres activités ?

Jean-Baptiste : Alors, je pense que, dans une certaine mesure, ça pourrait rapporter beaucoup plus que ça ne me rapporte pour le moment. Par exemple, le modèle économique sur YouTube, c’est principalement la publicité, une petite partie, mais la grande partie, ce sont les sponsors.

Donc quand on a une chaîne YouTube avec un très large public, on peut être contacté par des entreprises qui veulent qu’on fasse, nous, la promotion de leur produit pour un public spécifique. Ça n’a pas été mon choix.

La première raison est que, moi, je n’ai pas réussi à développer une communauté énorme. Quand je compare avec d’autres youtubeurs qui ont des chaînes YouTube, ils auront parfois 60 000, 100 000 300 000 1 million d’abonnés. Moi, avec mon modeste 8500 abonnés, c’est déjà beaucoup plus de personnes que certainement je rencontrerai dans toute ma vie, mais c’est très modeste par rapport à d’autres chaînes YouTube qui elles, doivent générer un trafic important et de la publicité, avoir des revenus publicitaires assez importants.

Donc je n’ai pas misé ma stratégie sur le modèle YouTube habituel. Mais en revanche, j’ai essayé de proposer une offre de valeur en parallèle de ma chaîne YouTube. Comme je le disais au début, l’objectif de ma chaîne YouTube, c’est de me présenter, de présenter mes solutions et d’attirer des personnes qui, se sentent en accord avec ce que je propose. Et donc généralement pour moi, le modèle économique, ce sont les cours que je donne.

Donc les gens me contactent pour prendre des cours. Et je suis en train de développer une collection de livres. Pour l’instant, il y a un seul livre qui est publié. Il y en a un deuxième en préparation et il y en aura bien d’autres après. Et les gens aussi sont amenés à découvrir mes publications et à en faire l’acquisition. Donc ça, ça fait une source de revenus pour moi.

Enfin, pour la partie podcast, et bien c’est aussi principalement un outil, un outil de promotion de mes propres services, puisque le podcast est proposé gratuitement sur les plates-formes d’écoute. Et jusqu’à très récemment, on ne pouvait pas faire de publicité sur les plates-formes de podcast comme iTunes ou Spotify. C’est très récemment que ça s’est mis en place.

Et donc, de la même façon, ça a été pour proposer du contenu de qualité, ou du contenu que j’espère intéressant pour mon public, et les amener ensuite à acheter des ressources complémentaires sur mon site internet, puisqu’avec chaque épisode de blocage, je propose des ressources spécifiques et éventuellement, voilà, réserver un cours avec moi.

Donc mon modèle économique n’est pas exactement le modèle idéal, si l’on compare à d’autres youtubeurs ou à d’autres influenceurs, mais moi j’ai pris, comment dire, l’étiquette de commerçant plutôt que celui d influenceur, et je fais la promotion de mon propre matériel plutôt que du matériel d’autres entreprises.

Andie: Donc comment arrives-tu à sortir de la concurrence ?

Jean-Baptiste : Oh ça c’est très difficile. [Rit], Comment j’arrive à sortir de la concurrence? Disons que, sur YouTube par exemple, c’est assez difficile de sortir de la concurrence car il y a un tel volume de contenu que j’ai envie de dire que tout a déjà été fait. On ne peut peut-être pas dire que tout a déjà été fait, mais énormément de choses ont déjà été faites.

Au final, c’est surtout la personnalité qui joue beaucoup sur, comment dire,  le potentiel, sur la capacité à attirer un nouveau public ou pas. Certaines personnes seront parfaitement adaptées pour jouer un rôle social sur YouTube. Elles savent très bien faire le présentateur, l’animateur motivé et donc ça attire beaucoup de gens sur leur chaîne.

D’autres personnes ont choisi une autre stratégie, qui est de donner une vision de leur vie personnelle. On parle beaucoup de « vlogs », où ces personnes montrent leur vie quotidienne. « Venez cuisiner en français avec moi », « On part en vacances en français avec moi », « Je fais ma valise avec vous », etc.,

Et ni l’une ni l’autre de ces options ne m’ont convaincu. La première, où on fait un peu l’animateur, ça demande un peu de sortir de sa zone de confort, de faire un peu le clown et je ne sais pas toujours faire ça. Je crois que lorsque je suis face à un large public, j’ai du mal à « me lâcher » suffisamment pour être une personne assez drôle et une personne charismatique.

Alors qu’en face à face  j’essaie de l’être beaucoup plus. En tout cas, j’essaie de rendre ça plus agréable pour les étudiants. Et je n’étais pas non plus prêt à renoncer à ma vie privée en montrant trop de choses que je considérais personnelles. Parce qu’il faut aussi savoir garder une distance entre sa vie privée et sa vie publique.

Jean-Baptiste : Donc la troisième option que j’ai choisie, c’est d’essayer de proposer du contenu sérieux, du contenu travaillé qui puisse apporter une valeur ajoutée qualitative au des apprenants.

Et donc, sur YouTube, je propose des petites capsules de grammaire pour aider les utilisateurs à modifier leurs habitudes de prononciation, ou certaines erreurs qu’on fait quand on apprend une langue, qui sont souvent des calques de la langue maternelle.

Et pour le podcast, j’essaie de proposer des conversations en français réel, c’est à dire des conversations qui n’ont pas été modifiées, ni adaptées pour un public d’apprenants, et de faire en sorte que le contenu soit premièrement intéressant, qu’il reflète certaines tendances de la société française actuelle. Et qui montre aussi des manières de parler qu’on ne présente pas forcément ailleurs, ou qui sont présentées d’une manière peut être un peu trop, je ne vais pas dire « simplistes », parce que ce type de vidéo est nécessaire, mais qui montre du français oral, mais à un rythme lent.

Et je partais du principe qu’il y avait tout de même un public qui a été maintenant habitué à écouter ces vidéos qui présentent les caractéristiques du français oral, mais lentement, qui étaient prêtes à écouter du français à vitesse normale.

Et que plus ces personnes s’habitueraient à écouter du français à vitesse normale, plus elles seraient à même de mieux comprendre les conversations en français quotidien.

Donc voilà, ça c’était un peu ma valeur ajoutée : essayer de proposer quelque chose de sérieux, du travail, comment dire, basé sur une logique linguistique, et pas seulement une logique de loisir ou de plaisir.

Andie: Donc tu as dit que tu préfères parler. Tu préfères travailler seul, mais est-ce que tu travailles avec une équipe ?

Jean-Baptiste : J’ai travaillé pendant un moment avec une équipe, surtout pour le lancement de ma structure. Parce que quand j’ai commencé, il a fallu que je crée un site internet, et j’avais toutes les questions légales à mettre en place. Puisque, aujourd’hui, on doit avoir une politique de confidentialité clairement définie, on doit avoir certains [critères]. Pour la partie cours que je donne il fallait aussi un cadre légal pour pouvoir définir dans quelles situations on pouvait annuler un cours, et combien de temps sont valables les leçons une fois qu’on les a achetés, etc.

Donc j’ai fait appel à une professionnelle.

C’était une amie à moi, qui justement était en train de finir un MBA en business et qui avait besoin d’un projet en création d’entreprise. Donc elle a fait son stage avec moi et ça nous a donné l’occasion de lancer l’activité.

J’ai beaucoup bénéficié de sa structure, de son organisation au niveau entrepreneurial, et on a beaucoup clarifié les procédures de travail au niveau de la relation client. Et ensuite, elle a repris sa vie professionnelle, donc on s’est séparés à ce moment-là.

Et il y a eu une période où, au début, j’avais vraiment beaucoup de choses à faire, et j’étais passé par une stagiaire qui, elle était en licence marketing et qui m’a beaucoup aidé aussi pour tout ce qui était communication sur les réseaux sociaux. Donc au début, quand je ne savais pas encore sur quel canal me concentrer, on avait ciblé Instagram, LinkedIn et YouTube comme chaînes de com comme ressources principales, pour pouvoir faire de la promotion.

Et on a eu du mal à trouver une stratégie qui fonctionnait. Mais ma stagiaire, qui était donc en licence, a testé beaucoup de choses. Elle a clarifié beaucoup de stratégies qui fonctionnaient ou ne fonctionnaient pas, et donc on a continué à travailler un bon moment après la fin de son stage. Et ensuite a eu un bébé et elle a arrêté de travailler le temps qu’elle s’occupe de son bébé.

Et finalement, comme moi de mon côté, les choses s’étaient beaucoup stabilisées, et puisque j’arrivais à reprendre le rythme correctement, et bien j’ai continué à travailler tout seul. Et ça, ça me convient très bien pour le moment.

Mais je pense que si, aujourd’hui c’était à refaire, je referais exactement la même chose, parce qu’on peut très facilement faire des erreurs, ne serait-ce que sur le cadre légal. Il vaut mieux ne pas se tromper. Donc je recommande vivement de passer par d’autres personnes.

Mais je crois que je ne suis pas le type d’entrepreneur qui serait capable de gérer une équipe. Je préfère bénéficier de ce qu’on appelle la « gig economy » qui est très facile à utiliser. Il y a beaucoup de plates-formes aujourd’hui qui permettent de faire appel à des professionnels d’un domaine spécifique pour un projet spécifique, et donc on leur expose ce dont on a besoin.

Ils nous filent un coup de main pour temporairement pour le projet en question, et puis après on peut continuer son existence comme ça. Donc, moi, en tant que petit autoentrepreneur, ça a été une véritable aide précieuse de faire appel à ces professionnels grâce à ces différentes plates-formes.

Andie: Et pour toi ? Quel est ton but ultime ? Quels sont tes projets ? Tu penses à monter une boîte genre Berlitz ?

Jean-Baptiste : [Rit] Je ne pense pas. Je ne pense pas parce que, moi, ce qui me motive dans mon travail, c’est de pouvoir communiquer avec les personnes avec lesquelles je travaille. Je vois certains de mes collègues, ou certains de mes homologues sur YouTube qui eux ont créé des plates-formes où ils mettent à disposition du contenu. Ils créent des communautés et finalement ils sont exclusivement à distance. Ils gèrent des forums, ils répondent aux questions sur des forums ou sur les réseaux sociaux, et ça leur convient très bien.

Je crois que moi, si je n’ai pas, à un moment, un contact en face à face avec une discussion de vive voix avec ces personnes, ce n’est pas ça qui me motive en fait, si je n’ai pas cette relation-là.

Donc pour l’instant, mon but est de continuer à donner des cours, et d’avoir des cours en face à face. Et je pense que c’est aussi quelque chose qui est très demandé par les personnes qui font appel à mes services.

Et mon autre but, c’est donc de créer cette collection de ressources, et d’essayer de travailler avec des instituts qui existent déjà, des écoles de langues, peut être les Alliances françaises, pour proposer du contenu qui permette d’aborder le français oral.

Plus spécifiquement le français oral de manière un peu plus structurée pour les étudiants. Plutôt que de leur dire « ah bah, parfois on dit comme ci, parfois on dit comme ça ». Il existe des règles de construction des phrases et de la syntaxe du français oral, et qui ne sont pas forcément bien connues du grand public.

Et donc si, avec les ressources que je crée, et j’ai quelques projets de ressources complémentaires que je pourrai ensuite commercialiser, à des formateurs et non plus à des apprenants, et bien d’essayer, de devenir une petite référence dans les ressources pour le français oral.

Andie: Donc tu enseignes le français, l’anglais et l’espagnol. Mais je sais en fait que tu parles plusieurs langues. Tu parles combien de langues en fait ?

Jean-Baptiste : Je suis démasqué ! [Rit] Alors les langues, effectivement, c’est ma petite passion. Alors on va dire, le chiffre, c’est à peu près douze langues, mais il faut relativiser : je ne parle pas toutes ces langues à un niveau de d’expert.

Je ne maîtrise pas toutes les langues que j’apprends. Les langues que je parle le mieux sont le français bien évidemment, puisque c’est ma langue maternelle, l’anglais, l’espagnol.

Ce sont des langues que j’ai étudiées à l’université. J’ai vécu dans ces pays, j’ai une bonne connaissance des cultures de ces pays. Donc voilà, j’ai un niveau suffisant dans ces langues pour pouvoir les enseigner.

Mais après, à titre personnel, les langues que je parle bien aussi sont l’hébreu, l’italien, le portugais, le chinois aussi. Il y a, ensuite à un niveau un peu moindre : le japonais, l’hindi, le malais, le thaï.

Voilà, je me suis intéressé à pas mal de langues. Et j’aime autant…, comment dire, comprendre la logique derrière ces langues, trouver des relations entre ces langues. Ça c’est ma grande passion : de voir comment on peut, à partir d’un mot français, trouver l’équivalent en italien, ou à partir d’un mot allemand comment on peut retrouver un mot en anglais.

Il existe beaucoup de passerelles entre les langues. J’adore chercher tout ça. Et donc il m’arrive parfois de passer beaucoup de temps à apprendre une langue mais, sans véritable objectif de communication. C’est juste pour le plaisir d’apprendre les langues. C’est seulement un travail intellectuel. Donc voilà, c’est ce qui me motive aussi : une démarche pour satisfaire un peu cette curiosité, pour comprendre les différents systèmes linguistiques.

Andie: Donc, pourquoi ne pas être traducteur ou interprète ? Parce que c’est le meilleur métier du monde.

Jean-Baptiste : [Rit]. Alors figure toi que j’ai eu une formation de traducteur et d’interprète quand j’étais en licence LEA à Paris. Et je suis parti une année en Erasmus en Espagne, et ma spécialisation pendant cette année d’Erasmus était traduction et interprétariat. Interprétariat de conférence. On a appris à utiliser les cabines d’interprétariat et à transcrire, interpréter des textes qu’on entendait au fur et à mesure.

Et la traduction, j’en ai fait beaucoup, aussi bien à l’Université qu’ensuite en boulot complémentaire. Même quand j’étais au Luxembourg, quand j’ai commencé à donner des cours, il m’est arrivé de prendre des cours de traduction à côté.

Mais il y avait deux choses. La première chose est que j’aimais beaucoup le travail de traduction à titre personnel, pour enrichir mon vocabulaire, pour enrichir mes connaissances, parce que les documents que je traduisais étaient souvent très intéressants.

J’étais amené à traduire des choses un peu loufoques parfois. J’ai travaillé pour une entreprise Internet qui écrivait des horoscopes. Donc j’ai traduit des horoscopes, j’ai traduit des thèmes astraux, j’ai traduit des divinations, et j’ai même écrit des horoscopes en anglais pour cette entreprise.

Mais comment dire ? Il y a un moment où j’ai été un peu frustré puisque, comme je te le disais précédemment, le travail un peu solitaire derrière l’ordinateur me va pendant une période, mais j’ai besoin de ce contact avec les personnes.

Et finalement, je crois que j’étais beaucoup plus satisfait en accompagnant des gens, en étant un peu coach motivationnel, pour des personnes qui apprennent les langues, plutôt qu’en faisant de la traduction.

Mais mon activité de traduction reste tout de même très présente dans ma vie quotidienne, puisque pour les ressources que je propose, aussi bien pour le podcast que pour les publications que je fais, il y a toujours de la traduction. Par exemple, mes vidéos sont proposées en français et en anglais.

Alors je dois reconnaître que pour YouTube, il est de plus en plus rare que je fasse moi-même la traduction : je passe par une traduction automatique qui est tout à fait satisfaisante.

Mais pour les ressources que je propose sur mon podcast, là, oui, je fais une traduction de qualité : je suis obligé de trouver des équivalents culturels, des équivalents linguistiques.

Donc en fait, je n’ai jamais véritablement arrêté de faire de la traduction, mais je ne la fais pas tout à fait dans le même contexte. Je ne la fais pas pour une autre entreprise, je la fais toujours pour moi et  donc pour faciliter l’apprentissage à partir des ressources que je propose.

Andie: Tu as bien « encadré » la vie du traducteur : solitaire mais toujours intéressante.

Jean-Baptiste : Est-ce que, toi, tu apprécies ce travail solitaire de traduction ?

Andie: Pfffffffffff Non, pas trop [Rit].

Jean-Baptiste : Non [Rit].

Andie: Mais mon mari travaille à la maison maintenant aussi, donc c’est…

Jean-Baptiste : Donc, vous vous soutenez mutuellement ?

Andie: Oh oui, bien sûr.

Jean-Baptiste : Je pense que s’il y a peut-être quelque chose qui me fait moduler ce que je viens de dire c’est que, pour l’instant, j’habite une petite ville dans laquelle il n y a pas forcément de structure pour les travailleurs indépendants.

Dans les grandes villes comme Paris, on trouve beaucoup d’espaces de « coworking », dans lesquels on peut aller travailler une journée ou même louer un bureau, pendant pour une longue période.

Et donc, dans ces cas-là, j’aurais peut être envisagé de faire de la traduction plus fortement, puisque je n’aurais pas été tout seul dans mon coin. J’aurais eu la possibilité d’avoir d’autres personnes, de voir d’autres visages toute la journée, et de satisfaire mon besoin de bavarder.

Mais ici, là où j’habite, il n’y a pas du tout de structure comme ça. Ou alors il faudrait que je fasse 1 h et demie de voiture, et là tu imagines que ce n’est plus du tout rentable de faire ça. Donc je pense que c’est aussi le contexte matériel qui ne se prête pas aujourd’hui au fait que je fasse de la traduction à plus grande échelle.

Andie: Bon. Donc, dernière question que je pose à tous mes interlocuteurs sur ce podcast : quel est ton conseil sur n’importe quel sujet pour nos auditeurs ?

Jean-Baptiste : Un conseil, sur n’importe quel sujet ? Mon conseil sur la vie ? Alors ça… [Rit]

Andie: N’importe quel sujet, l’univers [Rit].

Jean-Baptiste : Pas facile ça, pas facile ! Hum…  Peut-être quelque chose. Une leçon de vie que j’ai toujours retenue… Allez, est-ce que je peux en donner deux ?

Alors le premier, c’est ma grand-mère qui me l’avait dit un jour. Elle m’avait donné une phrase qui était « On ne fait jamais l’économie d’un apprentissage, tout ce qu’on apprend pourra servir un jour. »

Et je me souviens très bien de ça, car elle m’a dit cette phrase quand j’ai commencé l’université pendant ma licence. C’était une licence trilingue, donc anglais, espagnol et suédois. Et ma mère m’avait regardé avec des grands yeux : « Qu’est-ce que tu vas apprendre le suédois, à quoi ça sert ? » Et bien, crois-le ou non, tous les boulots que j’ai eus au Luxembourg et avant le Luxembourg, quand j’ai terminé mes études, c’est parce que je parlais suédois que je les ai eus.

Donc finalement  ça a été utile d’apprendre cette langue-là. Et donc j’ai toujours retenu que, même si on a l’impression que ce qu’on fait n’a aucune utilité, ou ça ne sert à rien, et bien on trouvera toujours un moment, que ce soit dans un contexte social, un contexte professionnel, ou même pour créer des relations cérébrales pour comprendre quelque chose un peu mieux, on finira pas s’en servir.

Et le deuxième conseil, c’est mon papa qui me l’a donné : c’est que c’est toujours bon de mettre son intelligence au service de sa paresse. C’est à dire que quand on est paresseux, mais quand on aime quand même bien profiter de la vie, et qu’on n’a pas forcément envie de passer toute sa vie au travail, et bien ça demande un effort organisationnel supplémentaire pour trouver des manières de travailler qui soient peut être plus efficaces, de créer des automatismes pour ne plus avoir à tout faire d’un seul coup, soi-même à la main. Donc voilà, il faut arriver à chercher des stratégies de travail efficaces pour pouvoir ensuite profiter de l’existence à côté. Je ne sais pas si ça servira, mais ce sont mes leçons de vie.

Andie: C’est une bonne philosophie. Donc moi j’ai étudié, ce n’était pas des études formelles, mais j’ai étudié le suisse allemand.

Jean-Baptiste : Ouais…

Andie: Donc tu peux parler d’une langue pas très utile…

Jean-Baptiste : Pas très connue…

Andie: Non, mais mon premier boulot dans la traduction, c’était être gestionnaire de projet dans une agence de traduction. Et justement la propriétaire était suisse et a noté sur mon cv que j’avais étudié [le suisse allemand]. J’ai fait un tandem pendant trois jours avec une fille à la fac. Mais oui, elle a noté que j’ai étudié la Suisse allemand et elle a dit, « Ah oui, tu aimes vraiment les langues ? Tu appartiens vraiment  au monde des langues. »

Jean-Baptiste : Oui, je sais que toi aussi tu as cette passion pour les langues et tu m’avais dit que tu apprenais le cantonais aussi, c’est ça ?  Ou c’était le mandarin ?

Andie: Le mandarin, le russe, l’arabe et l’allemand.

Jean-Baptiste : Oui, tout à fait. Donc toi aussi tu as cette curiosité à satisfaire, j’ai l’impression ?

Andie: Ah oui, oui. Bon, merci d’être venu, Jean Baptiste.

Jean-Baptiste : Je t’en prie, avec grand plaisir. Merci beaucoup pour l’invitation.

Andie: Merci.

Andie: This concludes our episode for today. You can subscribe to the Continuing Education Series Podcast on Soundcloud or iTunes, by searching for Continuing Education Series. You can contact the FLD at Divisionfld@atanet.org. Visit our web site at www.atanet.org/divisions/fld  or get in touch with us on social media. This is Andie, signing off, thanks for listening and À bientôt!

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