Il est des événements qui tombent à pic. À l’été 2015, l’atelier d’écriture et de rédaction « On Traduit à Chantilly », #OTRAC , fut l’un d’eux.
La promesse était alléchante, le résultat, remarquable.
« On Traduit à Chantilly », c’est révéler un tout nouvel univers, garni de voltiges syntaxiques. Mais c’est aussi évoquer ces choses que l’on connaît, sans savoir qu’on les connaît. Ces habitudes inconscientes, ces pirouettes instinctives, ces intuitions de traducteur.
« On Traduit à Chantilly », c’était aussi un vrai bol d’air pur. Une idylle de trois jours avec des traductions élégantes et percutantes, où l’on manie les mots avec adresse et gourmandise.
« On Traduit à Chantilly », c’est surtout, désormais, une furieuse envie d’exercer ma plume, ou plutôt mon clavier, sur des textes de haute volée.
Si vous me demandiez d’évoquer une seule astuce, parmi les innombrables enseignements de ce séminaire, voici ce que je vous répondrais :
Soyons créatifs et intrépides, souples et agiles.
Revêtons nos tenues d’équilibristes de la traduction.
Marc Lambert m’a ouvert les yeux sur un exercice qui ne nécessite ni barres parallèles ni cheval d’arçons, mais qui fluidifie et enrichit une traduction (l’usage de la barre fixe est un plus, au moins pour garder le cap).
Partant du principe que le français est une langue de référencement et de liaison, contrairement à l’anglais qui multiplie les « and », Marc nous propose d’éviter les cascades de « et » pour structurer le propos.
Pour ce faire, on peut utiliser des synonymes neutres (ainsi que, de même que), scinder la phrase, ouvrir une parenthèse, insérer une liste à puces, procéder à des regroupements logiques, etc.
Je rectifie ma position. Je redresse le buste. Je respire pour assurer une belle amplitude au mouvement. Puis, je me lance et soigne ma réception, avec un exemple anglais proposé par Marc :
« I had settled in Winnipeg for good and my Belfast partners were now in their 70s and decided to go back to Ireland, and then I was on my own, » said John Delfour with a measure of regret. »
Voici ma pirouette traduction :
« Alors que je m’étais définitivement installé à Winnipeg, mes compagnons de Belfast, désormais septuagénaires, décidèrent de retourner en Irlande. Je restai donc seul », regrette John Delfour. »
La gymnastique n’est pas si acrobatique, n’est-ce pas ?
Tout est question de souplesse.
Le traducteur, cascadeur de la syntaxe ?
Marie Girardin
Marie Girardin, traductrice-acrobate EN>FR (communication d’entreprise et marketing ; protection de l’environnement), installée en Bretagne.